Interview Dr Benhaiem
Ancien praticien attaché aux Centres de la douleur des hôpitaux Cochin et Ambroise Paré, le Dr Jean-Marc Benhaiem dirige le centre HYPNOSIS depuis 1985.
En 2001, il crée le premier diplôme universitaire d’hypnose médicale à la Pitié Salpêtrière.
Il pratique l’hypnose médicale dans le traitement des addictions, des douleurs chroniques, des phobies, etc., et a publié de nombreux ouvrages sur le sujet.
Rencontre.
Comment en êtes-vous venu à vous intéresser et à pratiquer l’hypnose médicale ?
J-M. B : J’ai fait des études de médecine à Paris, et dès que j’ai commencé à travailler en tant que médecin généraliste, je me suis vu prescrire beaucoup de médicaments. Quand un(e) patient(e) était angoissé(e), je lui donnais un anxiolytique, quand il/elle était déprimé.e, je lui donnais un antidépresseur, quand il/elle ne dormait pas, c’était le somnifère…Rapidement, cela m’a dérangé. Je me suis dit qu’il devait y avoir une autre façon d’aborder le patient et ses problématiques. Qu’est-ce qui pouvait activer ses propres ressources ?
J’ai donc acheté des livres qui traitaient de l’hypnose, et j’ai commencé à réaliser quelques séances avec certain(e)s de mes patient(e)s qui avaient des addictions. J’en voyais déjà d’ailleurs les bénéfices.
Plus tard, dans le couloir de l’hôpital, je tombe sur un panneau proposant une initiation à l’hypnose médicale, par le Professeur Léon Chertok.
Suite à cela, je me suis véritablement formé à l’hypnose médicale, pendant deux ans. C’était en 1982.
Pendant longtemps, j’ai continué mon activité de médecin généraliste. Il faut savoir qu’en médecine générale, si l’on a bien entendu des cas de grippe, des angines, etc., 70% des patients qui consultent sont fatigués, angoissés ou nécessitent un arrêt de travail. Ont-ils vraiment besoin de médicaments… ? Aussi me suis-je mis à soigner ces 70% !
Aujourd’hui, je suis hypnothérapeute à temps plein, je ne fais que ça.
Qui sont vos patients ? Ont-ils changé au cours de ces dernières années ?
Ce sont des gens qui sont soumis à du stress, à des troubles du sommeil, à des peurs, des phobies ou des addictions.
Sans doute la société dans laquelle on vit a développé ou fait empirer les angoisses de certain(e)s. Je vois effectivement plus de burn-out qu’à mes débuts, davantage de gens stressés. D’ailleurs, le mot “burn-out” n’existait pas !
Les femmes sont particulièrement touchées, de manière parfois très violente. Il faudrait qu’elles fassent tout ! La maman, la mère de famille, la femme…le tout en travaillant bien souvent à plein temps. Leur charge mentale est bien réelle.
D’un point de vue administratif, il me semble qu’Internet a aussi eu un impact et certain(e)s se sont sentis dépassé(e)s.
Depuis peu, le confinement et les mesures sanitaires en raison de l’épidémie de Covid ont aggravé le stress dans la population.
Faut-il être médecin pour pratiquer l’hypnose médicale ?
Lorsque l’hypnose a commencé, des médecins l’utilisaient pour les soins. Puis, comme avec n’importe quelle discipline, beaucoup de “non” médecins ont trouvé le concept génial et – a priori – très simple, et ont décidé de devenir hypnothérapeute.
Pourtant, il faut réserver la pratique de l’hypnose à des soignants, à des professionnels de santé. On a affaire à des êtres humains, et des connaissances sont nécessaires.
Comme l’hypnose a ce côté parfois insaisissable, voire incroyable, notamment quand on obtient des résultats positifs après une ou deux séances alors qu’une thérapie classique prendrait des années, cette pratique attire un peu “n’importe qui”, alors que l’hypnose dispose d’une charte. Elle précise notamment qu’elle doit être pratiquée par un professionnel de santé.
Or ce n’est pas régulé…et c’est inquiétant ! On en a parlé à l’OMS, à l’Ordre des Médecins, à l’Académie de Médecine, mais ce n’est pas tellement suivi… en réalité, tout le monde s’en fiche un peu.
Pourquoi ? L’hypnose médicale a fait ses preuves, elle est utilisée dans de nombreux hôpitaux, pensez-vous qu’elle ne soit pas prise au sérieux ?
Oui. L’hypnose ne semble pas être prise au sérieux, car elle n’est pas considérée comme du médical. Ce n’est d’ailleurs pas enseigné aux futurs médecins à l’Université ! Puisque “tout le monde peut en faire” (en théorie), alors ce n’est pas de la médecine.
Il y a également une telle carence de médecins en France que le sujet n’est pas prioritaire et on laisse alors n’importe qui pratiquer l’hypnose. Il y a donc une prolifération d’hypnothérapeutes autoproclamés, formés en quelque semaines, voire jours.
Or, le patient doit être protégé ! Car à la fin, c’est lui qui compte.
L’hypnose devrait donc être enseignée dans le cadre de cursus médicaux selon vous ?
Bien sûr ! Cela rend tellement de service ! Cette pratique permet de solutionner tant de problèmes, et d’éviter la prise de médicaments.
Mais l’hypnose perturbe. Elle demande aussi un effort, elle demande que l’on s’intéresse vraiment au patient, à sa singularité. Et puis c’est beaucoup plus facile de prescrire un médicament que de faire une séance d’hypnose…
Donner un somnifère, c’est rapide, et c’est coller une étiquette d’insomniaque à un patient. Alors que s’y intéresser, c’est essayer de le comprendre, c’est demander pourquoi il ou elle ne dort pas. Ainsi, en comprenant l’origine du trouble, l’hypnose va permettre de modifier le comportement.
Dans quels cas un soignant peut-il recourir à l’hypnose ?
En fait, chacun doit rester dans ses connaissances et son domaine de compétences.
L’hypnose médicale va quant à elle venir s’ajouter à tous les savoirs : un dentiste peut y avoir recours pour apaiser le stress de ses patients, un gynécologue pour faciliter l’insertion d’un stérilet, un psychiatre pour réduire la quantité d’anxiolytiques, le gastro-entérologue pour donner moins de médicaments anti-douleur…
Chaque spécialiste l’utilise au bénéfice du patient. Et le protocole est différent selon le patient et sa personnalité.
Quels conseils donneriez-vous aux personnes désirant réaliser une hypnothérapie ?
Le seul conseil est de s’en remettre à un professionnel de santé.
Chez HYPNOSIS, tous nos thérapeutes sont soit médecins, soit psychologues cliniciens, soit médecins psychiatres.
Ensuite, il faut bien avoir à l’esprit que l’hypnose ne guérit pas d’une maladie, mais modifie la relation que l’on a à son corps, un organe, une fonction…Et grâce à cela, le soulagement vient.
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