Arrêt du cannabis

Pour guérir, il faut trouver une alternative aux effets positifs du produit. Le succès de la thérapie va donc dépendre de la décision du patient et de l’aide apportée par l’hypnose.

SOIGNER L’ADDICTION AU CANNABIS PAR L’HYPNOSE

Le principe d’une addiction repose sur une sensation éphémère de plaisir qu’il faut renouveler régulièrement. Le plaisir ressenti est agréable mais ne dure pas. La recherche et la répétition de ce plaisir deviennent une obsession très éloignée de la notion de bonheur. Les effets secondaires s’additionnent : ceux liés à la toxicité de la substance et ceux liés à la dépendance.

Pour guérir, il faut trouver une alternative aux effets positifs du produit. Le succès de la thérapie va donc dépendre de la décision du patient et de l’aide apportée par l’hypnose. Le chemin qui est proposé doit se montrer supérieur au plaisir produit par la cannabis.

La particularité de l’hypnose est de pouvoir modifier des perceptions. Par exemple, le regard sur la substance devient méfiant, le plaisir ressenti devient angoissant. Les peurs de développer une tumeur dans les poumons, de perdre des neurones et de se couper de son environnement, deviennent si fortes que l’envie de fumer est ‘gâchée’. Cela devient humiliant de dépendre d’un rituel et d’une substance cancérigène.

Les exercices d’hypnose permettent une ouverture vers un lieu plus sûr et plus protecteur. Le plaisir de la liberté devient plus attrayant que le plaisir de fumer. Ressentir du manque pendant les premiers jours du sevrage est considéré comme les premiers pas vers la guérison.

Se projeter dans un avenir sans cannabis est un exercice qui anticipe et fait entrevoir la nouvelle vie.

L’usage de métaphores et de visualisation reconfigurent la réalité du patient qui retrouve son autonomie. Il a plaisir à dire non. Il sait se défendre. Il protège son corps blessé.
Le changement est parfois vécu comme magique. La personne reprend confiance en elle. Elle est passée à l’action. Son corps lui appartient désormais.

L’hypnose est une thérapie brève. Elle est interrompue dès que le patient se sent libre et en sécurité.

 

Un exemple

David est suivi par un psychiatre qui me l’adresse pour l’aider à se désintoxiquer du cannabis. Ce correspondant avait gardé le souvenir d’un sevrage réussi chez un patient qui avait arrêté de fumer après une seule séance d’hypnose. David a quelques ennuis avec la justice et semble prêt à interrompre sa consommation de cannabis. Il pouvait fumer jusqu’à dix joints par jour. Il me dit être prêt à cesser définitivement de fumer. Il vient de lui-même et sans aucune pression  de son entourage. Je ne pose pas davantage de questions et je propose à David de faire une séance d’hypnose ce jour. En cas de difficulté ou de risque de rechute, il devra téléphoner pour obtenir en urgence des séances d’hypnose de soutien. Le contrat lui convient.

Il rejoint alors un petit groupe de trois personnes qui souhaitent arrêter de fumer tabac et cannabis. Chaque personne a été vue individuellement dans le but de connaître les attentes et les croyances concernant la méthode et les chances de réussite. Les suggestions et les exercices d’hypnose seront orientés en fonction de ces éléments.

David s’installe dans un fauteuil. Il a l’air tranquille. Je le sens décidé à régler ce problème de dépendance. J’attire son attention sur le fait que sa venue dans mon bureau est un événement en soi et prouve  qu’un changement s’est déjà opéré en lui : il veut bien faire l’expérience du détachement, ce qui revient à dire qu’il a envisagé tranquillement d’expulser le cannabis. Cette anticipation est la preuve d’un mouvement qui le situe déjà dans d’autres projets.

Le corps sera au centre de l’expérience.

Les exercices déclenchent par eux-mêmes le processus hypnotique. Il est lui est demandé de relâcher quelques muscles comme on relâche un objet encombrant. En portant attention aux sensations corporelles, les patients se coupent de leur environnement direct. L’état hypnotique s’approfondit naturellement en effectuant d’autres exercices : ressentir sa bouche, sa langue, ses poumons, ses artères, sa relation aux autres. Les personnes s’étaient comme éloignées de leur corps et des autres, en retrouvant les liens, ils ressentent les blessures et le plaisir de résoudre un problème pervers.

Je propose de longues plages silencieuses pour s’exercer à être bien à ne rien faire, être bien avec soi-même.

David se « réveille » très détendu de la séance. S’il en ressent le besoin, si la rupture d’avec le cannabis a besoin d’étapes plus progressives, alors il téléphonera pour d’autres séances. Dans le cas de David, le lien de confiance semble établi. Il existe un bon suivi psychologique par ailleurs. Le sevrage semble bien engagé et peut-être déjà accompli.

Lorsqu’un fumeur prend sa décision de stopper son addiction, il est disponible pour mobiliser son corps en vue de calmer le manque. L’hypnose propose à un fumeur de s’identifier à un non-fumeur. Lorsque cette identification est faite, la personne retrouve aussitôt tous ses systèmes de défense naturels : ses endorphines calment le manque, sa sérotonine apaise ses sautes d’humeur, le toxique lui redevient étranger.